Lire le rapport « Le foncier de Paris peut-il être aérien ? Le surhaussement des immeubles »
LE PARI DE DENSIFIER AUTREMENT : UN ENJEU DU GRAND PARIS
« Construire la ville sur la ville », principe affirmé en urbanisme dans les années 1990, est l’idée forte dégagée par de nombreuses équipes du Grand Pari de l’agglomération parisienne. Elle est le point d’accroche de la réflexion de la présente étude mais aussi des orientations de la recherche et de la doctrine urbaine.
Sur douze rues étudiées, choisies de façon aléatoire, nous avons en respectant les hauteurs de l’actuel PLU, déniché une quarantaine d’hectares.
1° Du constat au programme :
L’équipe : Ateliers Jean Nouvel, Michel Cantal-Dupart, AREP – Jean-Marie Duthilleul.
• Le constat
« PARIS HISTORIQUE N‘EST PAS ACHEVE.
Son patrimoine doit être vécu, réveillé, titillé par l’invention d’aujourd’hui, il doit toujours être en tension avec la modernité visible et les plaisirs de vivre.
LE CENTRE
Les quartiers mal ficelés de ces dernières décennies doivent conquérir un statut égal aux quartiers les plus centraux. »
Jean Nouvel, Jean-Marie Duthilleul, Michel Cantal-Dupart, Naissances et renaissances de mille et un bonheurs parisiens, éd du Mont – Boron
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« L’expression « les toits de Paris » n’a pas son équivalent pour d’autres villes : on ne parle pas des toits de Rome, de New York ou de Pékin. On peut y voir deux indications : la première est que les toits de Paris s’offrent à la vue comme une sorte de continuité, comme un spectacle à contempler. L’autre est qu’il y aurait ainsi une ville haute, avec les habitants qui sont là-haut, sous les toits. Pensons maintenant à un titre d’un livre de Julio : « Continuité des parcs. » Une rêverie prend naissance de la rencontre entre les « toits de Paris » et la « continuité des parcs, » où la ville est rendue à une photogénie et à une poétique idéales. »
Alain Fleischer, Paris intra-muros ou la continuité du rêve
« Mélange historique de fonctionnalités économiques et de vocations résidentielles, Paris a subtilement pratiqué la culture fusionnelle du faubourg, de la fabrique et de la corporation artisanale, de l’usine et du prolétariat, de la boutique et de la clientèle, du bureau et de la idinette. C’est ce métissage de l’emploi et de l’habitat, des riches et des pauvres, même dans des quartiers différents, qui révoque finalement le monofonctionnalisme zonal ou le ghetto des gated communities, menaces mortelles de la ville contemporaine. (…) Et voilà que ce qui faisait la force de Paris devient sa faiblesse : la gestion chasse la production, la rente remplace l’investissement, le favorisé repousse le moyen, qui exclut le pauvre. Densifier, réurbaniser l’urbain, plutôt que toujours convoiter d’équiper le vierge : n’est-ce pas la grande expérience parisienne, qu’enseigna la rénovation d’Haussmann plutôt que l’extension de Cerda, dans une coexistence conflictuelle permanente entre modernité et patrimonialité ? Créer la ville sur la ville au lieu de l’étendre toujours plus loin, au risque de compromettre cet environnement que l’on dit vouloir défendre et de se tromper une fois encore de démographie dans un contexte de faible croissance prévisible. »
Guy Burgel, Professeur des Universités Fondateur du Laboratoire de Géographie Urbaine